Implanté à Rennes depuis plusieurs années, Tea&Ty a également ouvert ses portes à Paris en 2017. Ici ou là, le même credo : un accueil chaleureux, une véritable connaissance du produit, et l’envie de se retrouver pour partager de nouvelles saveurs. Des dégustations quotidiennes et des ateliers de découverte permettent de se familiariser avec les origines, les couleurs, bref les histoires du thé. Voici justement l’histoire du fondateur, Gwénolé Coppel, et de son fidèle relais parisien, Laurent Hili.
Comment est née Tea & Ty et pourquoi avez-vous choisi ce nom ?
G. C. La marque est née en 2013, suite à une reconversion professionnelle. J’étais motivé par le désir d’entreprendre et de créer quelque chose qui me ressemblait. Le nom est le fruit d’une longue réflexion qui s’inspire du côté universel du thé tout en étant ancré localement. D’où le mélange d’anglais et de breton : Tea & Ty est d’ici et d’ailleurs !
L. H. Mes origines bretonnes et ma rencontre avec le créateur de Tea & Ty, quand j’habitais à Rennes m’ont motivé à ouvrir une boutique à Paris. Je m’y identifie complètement, autant en terme d’image que dans la façon de vivre le thé et de faire partager cette passion.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui découvre le thé ?
G. C. Je lui conseillerais de se laisser guider par ses sens et de se laisser guider par un professionnel du thé qui saura l’aider dans son choix pour que la découverte soit réussie et la plus agréable possible.
L. H. D’avoir un aperçu des différents types et couleurs de thé, par exemple en les préparant avec les méthodes de préparation des pays producteurs de thé. Et d’avoir une approche détendue, d’aller vers la spontanéité de ses envies, de ses plaisirs.
Que viennent chercher chez vous les amateurs de thé ?
G. C. Les amateurs viennent chercher une qualité, un conseil personnalisé propre à une boutique spécialisée. Ils aiment aussi que le thé, aromatisé ou non, raconte une histoire : d’où il vient, comment on le fait, une anecdote liée à sa création, l’origine de son nom, etc…
Conseiller ses clients, c’est apprendre à les connaître pour essayer d’anticiper leurs attentes et permettre que leur expérience soit la meilleure possible : heureux, ils auront envie de revenir — que leur motivation ait été la curiosité, la découverte, le partage, la tradition, le réconfort, ou (se) faire plaisir.
L. H. Ils viennent chercher un accueil patient, attentif, adapté à leur consommation. Un moment agréable où la recherche pointue est aussi possible qu’une approche plus simple. Du bon thé avec une bonne appréciation de ce qu’ils peuvent aimer et découvrir.
Qu’est-ce qui vous fait vous lever le matin ?
G. C. Le plaisir de partager, le challenge, la découverte, les rencontres. C’est tout cet ensemble qui fait que je m’investis autant dans ce travail et que le réveil n’est jamais difficile.
L. H. Boire un bon thé ! Prendre soin de l’espace d’accueil réservé aux clients pour qu’ils se sentent bien en entrant. C’est autant une démarche esthétique qu’humaine. La relation au client, les gestes autour du thé, la préparation, les parfums, les saveurs.
Votre héros dans le thé ?
G. C. Ce serait ce petit producteur japonais qui fait son difficile travail avec passion et dévotion. Ou bien cette dame laotienne qui récolte quelques feuilles de thés sur des théiers délaissés depuis des années et les travaille comme le lui a appris sa grand-mère. Ce sont ces personnes qui nous permettent de goûter des choses différentes et de prendre du plaisir en étant surpris et parfois dérouté.
L. H. Baisao (1675-1763), le vieillard poète et vendeur de thé. Il servait le thé à ceux qui croisaient son chemin. (ndlr : en savoir plus sur Baisao par ici et par là)
Qu’est-ce qu’un bon thé pour vous ?
G. C. Un bon thé pour moi est celui qui me comblera le plus dans l’instant. C’est comme un film que l’on va voir au cinéma : nous n’avons pas forcément envie du même type de film tout le temps, suivant notre état d’esprit, les personnes qui nous accompagnent, etc. Pour le thé c’est la même chose : un bon thé, c’est le meilleur du moment, à l’instant « t », sans mauvais jeu de mots. C’est pour cela qu’il existe autant de sortes de thés dans le monde et une infinité de possibilités d’aromatisations.
Et pour revenir sur ce que j’ai dit plus haut, un bon thé est aussi un thé qui va me raconter une histoire, me faire voyager ou nourrir mon imaginaire.
L. H. C’est un thé vécu. Une préparation et une dégustation attentive et silencieuse, ou partagée. S’il évoque des souvenirs, des saveurs qui nous saisissent et nous plaisent, c’est la cerise sur le gâteau. Mais tout est lié, car le goût est ce qui permet d’être concentré sur le temps et l’espace présent. Le thé peut alors prendre sa pleine dimension et s’inviter dans l’atmosphère.
Pour vous aujourd’hui, quel est l’enjeu principal du commerce du thé ?
G. C. Le thé a bonne presse de manière générale, mais il est nécessaire d’expliquer et de faire preuve de pédagogie pour montrer qu’il y a « thé et thé ». Qu’il y a énormément de différence entre certains thés en grande surface, bien marketé et packagé, et les thés que l’on peut trouver en boutiques spécialisées. Et dans un pays de plus en plus sensible à la qualité de ce qu’il consomme, les Journées Internationales du Thé en France arrivent à point nommé !
L. H. Que le thé de qualité entre dans les habitudes quotidiennes.
Existe-t-il une spécificité du thé en France ?
G. C. Je pense qu’il y a bien une spécificité française lié à notre culture gastronomique, une certaine ouverture d’esprit et une curiosité dès qu’on évoque les notions de terroir et de savoir-faire.
L. H. Non, ou alors pas assez. Dans un pays de grande gastronomie, le thé n’a pas vraiment encore trouvé sa place. En France, comme dans les autres pays latins d’Europe, le thé est connoté dans une vision machiste et faible, produit qui serait « pour les femmes », ici entendu de manière malheureusement négative : « pisse-mémé », « c’est de l’eau chaude » sont des expressions encore beaucoup trop familières.
Plus positivement : des Français, de manière isolée ou en petits groupes de passionnés, vivent le thé avec détermination et recherche et n’hésitent pas à voyager à la découverte de jardins de thés rares où l’humain joue un grand rôle. Certains céramistes français sont très proches du travail de la céramique chinoise, japonaise ou coréenne. C’est aussi une façon d’honorer le thé, avec son univers, ses gestes, ses objets.
Le thé est souvent comparé au vin dans son approche gustative, ce qui peut être évocateur dans notre pays. Mais le revers de la comparaison et de ne pas lui faire une place singulière, spécifique, unique.
Si vous étiez un thé, quel thé seriez-vous ?
G. C. Sans doute un Kocha, un thé noir japonais. Il est atypique : déjà parce qu’un thé noir dans un pays mondialement connu pour son thé vert n’est pas si fréquent, mais aussi par son goût unique à la fois puissant, tannique et cette touche végétale propre aux thés japonais.
L. H. Un Oolong de type Oriental Beauty (ndlr : les feuilles de thé ont été piquées par un insecte durant leur croissance, occasionnant des réactions chimiques et donc un profil gustatif unique), pour son caractère à la fois doux et complexe, presque paradoxal, à plusieurs visages : chaque infusion a son caractère propre mais une unité est bien présente.
Votre devise théinée ?
G. C. « Boire le thé comme on l’aime », c’est à dire sans dogme et sans le jugement des autres. Juste en essayant de faire « son » meilleur thé du monde.
L. H. Le thé est une quête d’innocence et de décloisonnement.
Pourquoi participez-vous aux Journées Internationales du Thé en France ?
G. C. Il était pour moi normal de m’associer à cet événement qui pouvait fédérer un maximum de petites et grandes maisons de thé afin de mieux nous faire connaître, de valoriser le thé de qualité en France auprès du grand public, et de donner un coup de projecteur sur le travail de pédagogie que nous faisons au quotidien avec passion.
L. H. Les Journées du Thé représentent pour moi la diversité des vécus dans l’univers du thé, mais aussi la volonté commune d’offrir à la France une vraie culture du thé.
En savoir plus sur Tea & Ty
Boutique de Rennes
16 rue Victor Hugo, 35000 Rennes
Du mardi au samedi – 11:00-19:00
Boutique de Paris
21 rue de la Villette, 75019 Paris
Du mardi au samedi – 11:00-20:00
Dimanche – 10:00-14:00
Le site Internet : Tea&Ty
La dégustation proposée dans le cadres des Journées Internationales du thé en France chez Tea & Ty à Paris et Rennes
A Paris :
Dimanche 17 décembre de 15h00 à 17h00, Laurent fera se rencontrer les origines de manière inattendue ! Il proposera en dégustation des thés exceptionnels de Thaïlande, infusés en méthode chinoise (gong fu cha). Ce sera l’occasion d’en apprendre plus sur cette origine méconnue et sur l’intérêt de cette méthode d’infusion séculaire mais facile à s’approprier. Toujours dans la découverte des goûts et des gestes, des financiers au thé matcha accompagneront ce même matcha préparé en boisson, et réputé difficile à réussir. Prenez des notes, et surtout du plaisir !
A Rennes :
Le vendredi 15 décembre et le dimanche 17 décembre, Gwénolé prendra le temps d’infuser des thés d’origine et des crus en gong fu cha, pour expliquer et montrer preuve en tasse la différence et l’intérêt de la méthode traditionnelle pour certains thés. Les ré-infuser, développer des nuances de saveurs… Une belle entrée en matière pour vous approprier des gestes séculaires !
Le matin du samedi 16 décembre à la fromagerie Peltier, au marché de la place des Lices, et le dimanche au marché de Betton, l’équipe vous initiera aux accords thés et fromages en offrant des échantillons de thé avec l’achat de certains fromages… Surprise !