Bien que des progrès constants soient accomplis, la culture du thé est soumise à des pressions de plusieurs ordres qui mettent en péril son avenir :
1/ Climat :
Le réchauffement de la planète engendre un désordre climatique impossible à anticiper. Une période de froid, de pluie ou de sécheresse trop longue ou trop courte, des intempéries inhabituellement violentes… Même si les plants ne sont pas forcément abîmés voire détruits, la qualité sera différente et le prix aussi !
Piste de solution → Les botanistes des instituts de recherche agronomique travaillent à concevoir des variétés plus résistantes à ces aléas, mais c’est un travail qui se compte en décennies.
2/ Nouvelle Génération :
Les métiers des plantations sont pour la plupart ingrats et mal rémunérés : comment inciter les jeunes à défricher, planter, tailler, cueillir les feuilles ? A mesure que l’accès à l’éducation et à l’information s’améliore, les enfants des travailleurs du thé aspirent à autre chose que la vie de leurs parents.
3/ Absentéisme :
Une plantation garantit l’emploi à vie des familles vivant sur son territoire : grâce à cette sécurité (relative il est vrai), l’absentéisme grimpe de 30% à 50% car les travailleurs du thé cumulent un autre emploi plus rémunérateur à la ville.
Piste de solution → Pour inciter les travailleurs du thé actuels et futurs à fonder leur avenir sur le thé, le modèle économique change : la propriété de la plantation est divisée en plus petites parcelles que chaque employé peut acheter, devenant ainsi “petit producteur” (small property holder en anglais). Il peut choisir ses cultures, ses méthodes, et bénéficie directement de sa production.
4/ Marginalité économique :
Les thés réputés les meilleurs poussent généralement dans des terroirs reculés, comme Darjeeling. Cette ruralité subit parfois les dommages collatéraux de décisions gouvernementales qui n’ont rien à voir avec le commerce du thé. Par exemple, le gouvernement indien a discontinué en décembre 2016 les grosses coupures de monnaie pour lutter contre la corruption ; sauf que ces coupures sont utilisées pour payer les travailleurs du thé chaque semaine. Sans une circulation suffisante d’autres billets, sans distributeurs, les ouvriers dépourvus de compte bancaire (70% d’entre eux) n’ont pas été payés pendant des semaines voire des mois, et de nombreuses plantations ont fermé plus ou moins temporairement.
5/ Revendications politiques
Le thé est une culture très importante économiquement pour les régions qui en produisent. C’est donc un levier très puissant pour obtenir une réaction du gouvernement. Pour reprendre l’exemple de Darjeeling, il est très facile de bloquer les quelques routes desservant les plantations pour empêcher le transport des cueilleurs et des feuilles de thé, mettant à mal l’économie de toute la région. Plus la région est reculée et habitée par des minorités, plus le risque de “prise d’otage” est grand. Sont alors concernés les thés de haute qualité, qui poussent en altitude et sont difficilement remplaçables.
Piste de solution → Chaque gouvernement oeuvre en concertation avec autant d’acteurs économiques et sociaux que possible, mais c’est une tâche extrêmement complexe dans des pays où les inégalités économiques et sociales sont immenses. Il s’agit moins d’imposer des solutions que de faire changer peu à peu les mentalités pour parvenir à des standards, des fonctionnements communs où chacun y trouve son compte.